(Rencontre historique entre le clan Tillieux : queue de cerise et le fils Martin)
Un mois après Philippe Geluck et son chat, la galerie Petits Papiers récemment installée au Sablon accueille deux grands classiques de la BD belge : Guy Lefranc et Gil Jourdan. Pour le héros créé par Jacques Martin, il s’agit de fêter son soixantième anniversaire, pour celui de Maurice Tillieux, il s’agit de montrer toutes les planches de l’album « L’Enfer de Xique-Xique », jumelé avec des peintures de l’artiste José Garcia Cordero, toiles démesurées ainsi qu’une ronde, parsemées de cactus derrière lesquels se cachent des silhouettes imprécises ou simplement des vues désertiques agrémentées de crânes grimaçants : Ma peinture correspond à de la BD, chacun de mes tableaux est une illustration en situation, explique Cordero, une BD en une case, en sorte… 
Je peins de très grands formats parce que j’ai envie d’espace pour créer, cela donne plus de force à mon œuvre. Je connais les aventures de Gil Jourdan, surtout Xique-Xique qui se passe en Amérique du sud, là d’où je viens. Je me suis basé sur l’atmosphère créée par Tillieux pour créer mes tableaux.
Auteur de Lefranc depuis ses trois volumes consacrés à l’aviation, Régric est venu présenté « L’Eternel shogun » avec au scénario Thierry Robberechts, une nouvelle association qui nous vaut un Lefranc de bonne qualité, dans un décor peu usité en BD puisqu’il s’agit du Japon d’après-guerre occupé par les troupes américaines. Une aventure certes classique mais passionnant de bout en bout. Avec Régric, les gérants de la succession Jacques Martin chez Casterman ont trouvé un auteur parfait, un dessinateur capable d’œuvrer dans tous les styles avec une facilité déconcertante, un digne successeur à Bob de Moor.
Non, je n’ai pas créé cet album spécialement pour le soixantième anniversaire de Guy Lefranc, c’est un hasard mais j’ai pu refaire les couvertures des quatre premiers Lefranc, ceux dessinés par Martin lui-même et celui dessiné par Bob de Moor, confie Régric. Je me suis basé sur des croquis laissés par Martin. Il a été décidé que les aventures de Lefranc se passeraient dorénavant durant les années cinquante, d’ailleurs le prochain que je suis en train de réaliser avec le même scénariste se passera derrière le rideau rouge, en URSS. Apparemment je suis seul sur la série et il est question de produire un volume par an… Il n’y a eu que 23 Lefranc en 60 ans, c’est peu ! Lefranc est un personnage très lisse mais c’est un classique. On lui a enlevé Jeanjean car c’est assez mal venu à notre époque, un gamin qui ne va pas à l’école et qui traîne avec un adulte qui n’est pas un parent ! Jeanjean est d’ailleurs le vœu de l’éditeur de l’époque : puisque Alix avait Enak, il fallait que Lefranc ait aussi un partenaire…
Lefranc et Gil Jourdan, du 27 avril au 15 mai à la galerie Petits Papiers.
Photos (c) Yves Declercq