Serge Dehaes : Mademoiselle F c'est moi !

Mademoiselle F, c’est dix années de collaboration avec le magazine Flair, représentant 500 à 600 dessins. En comptant que chaque album comptabilise 150 dessins, il me reste encore de quoi faire un troisième volume, et comme je continue à illustrer le personnage, j’aurai toujours un ou deux albums potentiels d’avance.

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(Serge en dédicace, entouré de centaines de fans ! - photo Alain Poncelet)


Mademoiselle F n’est plus publiée dans Rafli suite à un changement de direction éditorial, budgétaires et linguistique…

Elle paraît dans la DH en prépublication d’album, mais comme l’album est paru, elle paraît à présent aussi en postpublication !

Les seuls dessins inédits sont ceux que je publie sur ma page facebook. C’est du « sans commande », uniquement pour le plaisir de publier un dessin.

Comme la finalité est quand même de transformer cela en album, j’ai aussi créé des strips car j’ai envie de faire des choses qui se rapprochent de la BD, le trip permettant une autre approche du gag, cela permet d’offrir un humour différent du cartoon. J’ai des scénarii d’une page qui seraient amusant d’expérimenter. Cependant, ce qui me gêne dans le principe de la planche, c’est ce gaufrier. J’aime bien l’illustration avec des personnages en pied, des décors raffinés, un dessin qui respire… Dans une planche tout est enfermé et la priorité est donnée au rythme, aux plans séquentiels… Je suis partagé… Je n’ignore pas que faire des planches conduira à un appauvrissement graphique, mais au niveau de l’humour c’est une porte ouverte…

 

Le cartoon humoristique se vend et ne se vend pas. Le chat de Geluck est publié à 450.000 exemplaires, Les BD de Kroll a 75.000, mais un cartooniste comme le Français Lefred Thouron qui publie dans une somme de journaux français comme le Canard Enchaîné, Fluide Glacial, qui est très connu, quand il est publié en album : 700 exemplaires…

 

Le premier Mademoiselle F paru au Lombard s’est vendu à 2500 exemplaires, c’est bien pour ce type d’album. Le problème a été que le réseau de distribution ne correspondait pas car il s’agissait d’un réseau classique BD. L’album aurait dû se trouver dans des press shop. J’ai aussi cru que le public de Filar allait acheter l’album, mais il s’agit d’une tranche d’âge de 15 – 25 ans,  pas intéressée, l’estampiller Rifal a été une erreur. Ce n’est donc pas mes dix ans de collaboration avec Frail mais essentiellement facebook qui reste le moteur au niveau de la notoriété du personnage. A présent je rencontre pas mal de gens parce que ce second album est prépublié dans la DH…

 

Je me suis calqué sur le premier album au niveau rythme du dessin, de la mise en page. Je voulais un album très dense et il y a plus de dessins car il y a 4 pages de plus.

Les thématiques sont plus ou moins pareilles, puisque ce sont des dessins qui ont servi à illustrer des articles. Chez Frlia je devais rebondir sur des thèmes imposés.

Le prochain album risque d’être plus personnel, car j’ai envie de plus réorienter le personnage vers la séduction, l’infidélité, quitte à sombrer dans du grivois plus entendu.

 

Ce qui me plait dans Mademoiselle F, c’est ce jeu de manipulation qu’elle opère vis-à-vis des femmes et des hommes, c’est un personnage égocentrique qui avec les armes qu’elle a, tire les ficelles. Elle n’est absolument pas altruiste, a une somme de défauts mais reste sympathique de par son charme. Elle tellement de défauts, mais elle réussit à tout faire passer.

Parfois… souvent… je m’inspire de ce que je vois ou entends, j’ai beaucoup d’amies qui me racontent des anecdotes, alors c’est du 100 % vécu !

Je me rends compte qu’il y a une évolution totale, une frange particulière féminine est occupée à évoluer et a avoir des envies d’autonomie. Non pas qu’elles ne recherchent pas l’homme, seulement elles ne souhaitent pas partager leur vie, leur quotidien avec lui. Elles font un « casting » et à chaque fois quelque chose ne va pas… Leurs arguments sont parfois bateau : trop riche, trop gentil… Et quand la relation perdure, elles finissent par l’interrompre parce que ce qu’elles cherchaient dans ce partenaire ne leur correspond finalement pas. Quand je demande pourquoi, je reçois comme réponse : « Tu es un homme… tu ne comprends pas ! C’est formidable !

Mademoiselle F c’est moi, qui suis de l’autre côté de la barrière, qui transpose une série de choses qui m’interpellent parce que je ne les comprends pas mais je les livre sous forme de dessin. Ces femmes doivent avoir un mode d’emploi au niveau de la lecture de la compréhension qui m’échappe mais que je trouve fort drôle…

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