ERIK LE ROUGE, roi de l’hiver par Søren Mosdal – Casterman 2014
Contraint à l’exil au tournant de l’an mil, Erik Torvaldsson surnommé Erik le Rouge, part fonder une colonie à Greenland, la grande île des régions boréales. Le milieu est terriblement hostile, mais Erik et les siens parviennent à établir une implantation humaine durable. Le patriarche aux cheveux rouges, encore redoutable malgré le passage des années, dirige fermement la petite colonie dans le respect des traditions. Mais le fragile équilibre social et politique se rompt lorsque Leif, son fils cadet, revient de Norvège converti à la religion chrétienne et accompagné d’un prêtre venu prêcher la nouvelle foi. Le choc est inévitable entre le fils et le père, entre les anciens et les modernes, entre les païens et les chrétiens…
Le dessin du Danois Søren Mosdal est surprenant et brutal mais parfait pour imag(in)er graphiquement cette saga viking dans ce climat âpre du grand nord et mettre en scène une histoire si forte. L’histoire ô combien éternelle du conflit des générations.
Une fresque passionnante, violente et courageuse…
Un éditeur m’a demandé de faire une BD historique et j’ai choisi Erik le Rouge. Je ne sais pas vraiment pourquoi, j’ai un peu pris au hasard, tout comme cette biographie de Hank Williams que j’ai faite, tout cela parce que pendant un séjour aux USA j’ai dormi dans l’hôtel où il est décédé ! Je pensais que ce serait facile parce que je suis d’un pays de viking, que je savais tout sur eux mais j’ai rapidement déchanté. J’ai écrit le pitch et ensuite on m’a demandé de dessiner cinq pages. Finalement, le projet a été refusé mais j’ai continué à le dessiner et un éditeur danois et Casterman ont proposé de le publier en coproduction.
Erik le Rouge, c’est une sorte d’anti- « Valhalla », la BD de Peter Madsen (3 volumes publiés chez Zenda) qui est très populaire au Danemark, un genre d’Astérix. Je voulais faire quelque chose de plus adulte, d’opposé. Si « Valhalla » traite des dieux vikings et de leurs caprices, mon histoire est plutôt du point de vue des vikings. Les mythes vikings sont très difficiles à comprendre, les dieux ne sont pas très sympas, ils sont très méchants. Les vikings ne pouvaient pas leur faire confiance car ils n’étaient pas censés, difficiles à comprendre.
Graphiquement, mon histoire est marquée par les couleurs rouge et noir, symbolisant le côté sombre et le côté sanguinaire, une lutte entre Erik le Rouge et ses semblables mais aussi son opposition aux chrétiens qui deviennent de plus en plus nombreux. Même son épouse deviendra chrétienne, elle veut construire une église et il refuse. Alors elle ne couchera plus avec lui tant qu’il n’accepte pas ! Erik a eu trois enfants dont le fameux Leif Ericsson qui a exploré d’autres territoires comme le Canada.
J’ai beaucoup voyagé, j’ai passé mon enfance à Paris. Mes parents étaient ingénieurs et travaillaient pour une grande firme. Ensuite je suis parti aux Etats-Unis, j’ai vécu au Danemark mais à présent j’ai déménagé en Finlande, j’ai suivi ma petite amie… Je collabore à un magazine créé par Tomi Musturi. Ma BD est alternative, expérimentale, je publie beaucoup au Danemark mais la BD en général n’y est pas très populaire… J’ai été publié en France au début des années 2000, chez Amok pour deux BD assez expérimentales : Feuerwerk et Fantômes…