Le prix du reste de ma vie
Scénariste : Sugaru Miaki
Dessinateur : Shouichi Taguchi
Editeur: Delcourt
Résumé :
Kusunoki était un enfant plein de rêves et d’ambition. Devenu un jeune adulte désargenté, il entend alors parler d’une boutique dans laquelle il était possible de revendre son espérance de vie, son temps ou sa santé. Après estimation, il découvre qu’il lui reste trente ans et trois mois d’une vie insipide, évaluée à… 2.500 euros. Kusunoki décide alors de vendre son espérance de vie, à l’exception des trois derniers mois qu’il passera sous la supervision de Miyagi, une jeune femme chargée de veiller à ce qu’il ne commette rien de répréhensible durant ce laps de temps…
Avis :
Nous vous avions présenté fin février, la nouvelle collection Moonlight des éditions Delcourt/Tonkam voulant se focaliser sur les mangas et light novels "touchants, oniriques et mélancoliques" avec les séries Parasites amoureux et Derrière le ciel gris.
Pour commencer cette collection, les éditions ont décidé d’éditer trois œuvres de Sugaru Miaki dont l’adaptation manga de son light novel best-seller paru en 2013 « Mikkakan no Kôfuku » vendu à plus de 200 000 exemplaires et devenu « Jumyou wo Kaitotte Moratta. Ichinen ni Tsuki, Ichimanen de. », chez nous, « Le prix du reste de ma vie ».
Les adaptations manga tirées de ses œuvres sont de mini-séries, ici trois tomes, pour rester le plus fidèle possible au scénario de l’auteur.
Encore une fois, très belle jaquette pour cette nouvelle collection avec un magnifique dessin de Shouichi Taguchi et du vernis repéré pour donner du relief.
L’auteur nous met directement dans le bain, il ne tourne pas autour du pot, on se retrouve vite dans cette ambiance étouffante d’un été trop chaud avec notre protagoniste Kusunoki, 20 ans, serveur fauché obligé de vendre le peu qu’il lui reste pour s’acheter à boire et à manger… Sugaru Miaki crée souvent des entrées en matière paranormales sans explications préalables et ce, pour le bien du déroulement de ses histoires. Il ne faut donc pas trop se poser de questions lorsque notre protagoniste arrive dans un bureau pour échanger la valeur de sa vie en argent comptant. Pourquoi ? Comment ? Qui ? Prrrrt… C’est comme ça un point c’est tout ! Mais ses œuvres restent des histoires oniriques donc on ne s’y attarde pas…
Entre en jeu le questionnement de la valeur d’une vie. On dit toujours qu’une vie n’a pas de prix. Mais lorsque l’on regarde cela d’une manière purement marchande, la valeur peut varier selon le degré de satisfaction personnelle, notre bien-être, le bonheur que l’on procure autour de soi, notre utilité à la société ou notre capacité à réaliser nos rêves…. Ici, Kusunoki se retrouve à vendre 30 ans de sa vie pour la maudite somme de 300 000 yens, soit 2500 €…. Autrement dit, sa vie est complètement ratée. Il lui reste donc 3 mois à vivre à présent.
Une autre question se pose. Pourquoi vendre sa vie pour un peu d’argent, surtout pour si peu, lorsque l’on sait qu’on devra mourir dans quelques mois? Tient-on réellement à la vie ou pas ? Cela ne reviendrait-il pas à se suicider tout simplement ?
Plein de questions existentielles font leurs apparitions dans notre tête tout en lisant ce manga.
Et cette fille, Miyagi, qui l’observe jour et nuit. Qui est-elle vraiment ? On en arrive à se demander si elle-même n’a pas vendu sa propre vie…. De plus, le fait qu’elle puisse passer inaperçue aux yeux des autres personnes, à part le contractant du contrat, est un peu fantasque.
Une réponse à l’un de nos questionnement apparait vers la fin de ce premier tome, on voit alors les choses d’un œil nouveau…
Dans la postface, l’auteur nous explique que cette histoire est née après être allé admirer les cerisiers en fleurs avec un ami. Assis sur un banc à boire une bière, ils parlaient de leurs avenirs de façon tellement sombre, comme s’ils étaient des prisonniers en cage. Son ami lui a alors dit qu’il serait prêt à céder la moitié de sa vie contre une grosse somme d’argent. De cette conversation a découlé une nouvelle qui, quatre ans plus tard, était adaptée en manga ! Comme quoi, on ne peut savoir ce que la vie nous réserve, mais c’est souvent lorsqu’on se trouve à terre qu’on parvient à rebondir plus facilement…
J’ai vraiment apprécié ce premier tome ! Sans parler des dessins de Shouichi Taguchi, d’une simplicité étonnante mais qui correspond parfaitement à la sensibilité du scénario.
Il faudra malheureusement attendre un peu pour pouvoir lire la suite qui est prévue pour le 20 août 2020.
Pour en savoir plus !
Un extrait est à lire ici: https://www.editions-delcourt.fr/manga/previews/prix-du-reste-de-ma-vie-t01.html?fbclid=IwAR0bthESMz-V-8xP7buBofsjA9wD4qQ2PuwTi8wE4MzK8uzjiC7SUCLCxMY