Avis :

Un shojô pas comme les autres, le pitch de cette nouvelle série Sayonara Miniskirt parue aux éditions Soleil m’avait fortement attiré.  Un shôjo qui ouvre le manga au féminisme et qui déconstruit les clichés prêtés au genre.

Il a gagné le prix 2020 des professionnels de l’édition au Japon dans la catégorie Shôjo (prix Kono Manga ga Sugoi !)

Je l’ai reçu avec un dossier de presse sur du beau papier lissé/cartonné comprenant un mot de l’éditrice, deux images du manga et le résumé de l’éditeur.  Les éditions Soleil manga ne font pas les choses à moitié pour sa sortie !  Ça fait plaisir !

Dans ce dossier, Joanna Ardaillon explique qu’en tant qu’éditrice de Shôjo depuis 15 ans, elle a tout de suite voulu éditer ce manga.  Elle qui veut tellement proposer aux jeunes filles des mangas qui les concernent et participer à ce mouvement mondial si important qu’est la reconnaissance du rôle et de la place des femmes.  En publiant des mangas pour les filles, elle a dû faire face aux préjugés et pour elle, publier cette série est comme l’emblème d’une bataille qu’elle mène depuis longtemps.

Alors, j’ai tant de choses à dire sur ce manga que je ne sais pas vraiment par où commencer…. Faisons simple d’abord avec les illustrations.  Le dessin de Aoi Makino est vraiment très beau.  Fluide et délicat, les décors sont bien présents, il n’y a pas une case de vide… C’est vraiment du magnifique travail !  Chapeau aussi pour le chara-design, les personnages sont tous très bien recherchés.  Premier bon point !

Maintenant la partie plus complexe, le scénario… Pour ne pas passer par quatre chemins, il est très bon !  Il m’a pris aux tripes, j’ai eu envie d’en gifler plus d’un de par leurs réflexions ou agissements !

Alors oui, les bases sont assez simples, elle était idole, elle s’est faite agressée, elle a pris peur, elle a tout arrêté et a caché sa féminité pour ne plus qu’on la remarque.  Mais, ce sont tous les évènements extérieurs qui font l’histoire !

Ces conversations simples entre adolescents, posées là, tellement naturelles mais tellement révoltantes !  Attention, je ne vais pas dans le féminisme pur, il y a en a pour les filles aussi qui se comportent comme des garces (qui est d’ailleurs le féminin de gars, il faudrait se pencher sur ce terme également) …

Le fait que les garçons mettent des points aux filles qui passent en fonction de leur physique (soit dit en passant, certaines filles le font aussi…), le fait qu’une fille fasse passer un acte d’agression sexuelle pour une simple petite chose dans le but de se faire bien voir par les garçons, le fait de devoir supporter les attouchements dans le train car on ne sera pas prise au sérieux lorsqu’on les dénoncera.  Le fait, tout simplement, de ne pas pouvoir porter une jupe sans pour autant devenir la cible de tous les hommes…

Cela m’a également fait penser au film « La journée de la jupe » où une professeure demande d’inviter les filles à venir en jupe à l’école une journée pour lutter contre l’idée que les filles en jupe sont des prostituées.  On rentre dans le débat… Se fait-on plus agresser en fonction de ce que l’on porte ?  Ne devrait-on pas pouvoir porter ce que l’on veut juste pour se trouver belle, que ce soit un pantalon, un short ou une jupe ?  Sans pour autant avoir peur de se faire sauter dessus ou insulter…. On est traitée de mocheté si on ne prend pas soin de soi et qu’on ne se fait pas belle ou encore qu’on n’accepte pas les avances de quelqu’un, mais dans le cas contraire on se fait toucher plus facilement ou on nous prend pour une fille facile qui a envie de plus... 

A la base, on s’habille pour soi, pour se trouver belle…

Certaines scènes m’ont révolté car je me suis retrouvée en elles.  Et je ne suis pas d’accord avec le fait que ce soit un manga pour fille.  Que du contraire, il faudrait que beaucoup de garçons le lisent !

Peut-être que si l’on éduquait nos enfants à se comprendre et se respecter l’un comme l’autre, au-delà des genres, et bien les suiveurs, filles comme garçons qui ne veulent pas trop se démarquer en allant contre les « populaires », finiraient par ne plus suivre.  Les remarques salaces ou autres mauvais comportements seraient endigués.

Ce manga le montre également, lorsque Nina réagit à un propos choquant de la part d’un camarade de classe sur une agression sexuelle, ses camarades commencent à la suivre, puis tout retombe à cause d’une contrepartie d’une fille plus populaire qu’elle.  Les filles se taisent alors qu’elles n’en pensent pas moins de peur de se faire mal voir…. C’est même Nina qui finit mal vue alors qu’elle avait tout à fait raison de se mettre en colère !

Au-delà de cela, il met aussi en évidence le problème d’idoles au Japon qui sont censées « appartenir à tout le monde ».  Elles signent des contrats stipulant qu’elles ne peuvent avoir de compagnons sinon elles seraient virées.  Cela vaut pour les boys-band également.  A quel point ne les voit-on pas comme une sorte de « jouet ».  De plus, les idoles sont souvent choisies très jeunes.  N’inculque-t-on pas alors dès le départ de mauvaises choses à nos enfants ?

Sois belle/beau et tais-toi comme ça tout le monde t’aimera…

Un manga sociétal donc…. Qui arrive en plein mouvement « me too ».  Bref, un manga à lire et qui ne vous laissera pas de marbre, peu importe votre genre.

Je voudrais terminer en mettant quand même à l’honneur tous ceux et celles qui font en sorte que cela n’arrive plus ou le moins possible.  Ces parents qui éduquent leurs enfants dans le respect de l’autre, ces hommes qui respectent les femmes et vice et versa. 

Petite dédicace à mon mari et mes deux meilleurs amis ;) !

Pour en savoir plus !

Extrait:

https://www.soleilprod.com/manga/previews/sayonara-miniskirt-01.html