Brisée par ton amour...
Dessinateur : Shiruka Bakaudon
Editeur: Meian
Résumé :
Victime de harcèlement scolaire pendant ses années au collège, Kanae est maintenant lycéenne. Encore traumatisée, elle est très sensible sur ce que pense d'elle ses camarades de classe. Hors du lycée, elle assouvit son désir de reconnaissance en entretenant des relations payées avec des hommes plus âgés.
Un jour, lors d'une sortie dans un karaoké, elle fait la rencontre de Hiroshi. Mais ce dernier va la surprendre avec l'un de ses clients. Cela ne va pas l'empêcher de se montrer gentil, et Kanae va tomber amoureuse de lui. Cet amour va marquer le début de nombreux événements tragiques...
Avis :
Je ne sais pas vraiment par où commencer cette chronique… Alors je vais juste écrire ce qui m’est passé par la tête au fil des pages de ce premier tome de Brisée par ton amour paru au éditions Meian dans leur collection Daitan.
« P… de B… de M… c’est trash ! »
Bon d’accord, quand on regarde le titre on se dit, « encore un shojo triste ». Puis non, on remarque que c’est un seinen, hum, intéressant. On lit le synopsis, ok, c’est bon, l’histoire peut être pas mal… et paf ! Ouch ! Je ne m’attendais pas du tout à cela… J’en suis restée scotchée.
Je le dis de suite. Ce manga n’est pas à mettre entre des mains innocentes ! Il y a du glauque, du contenu explicite et de la folie pure là-dedans !
L’auteur, Shiruka Bakaudon, dépeint l’univers scolaire impitoyable pour certains jeunes. Encore une fois, ce thème n’est pas nouveau dans les mangas. Les brimades, les boucs émissaires, le fait de devoir faire attention à tout ce que l’on dit ou fait pour ne pas sortir du moule ou se faire rejeter… Il est bien connu que l’enseignement au Japon n’est pas des plus simple et beaucoup d’élèves rejettent leur mal être sur une personne plus faible qu’eux. Ce phénomène s’appelle « ijime ». C’est un comportement typique dans une société où l’appartenance à un groupe par le comportement ou l’apparence est primordiale, où le moule est équivalent à la norme à suivre.
C’est ce qu’a vécu le personnage principal de cette histoire, Kanae. Ses années collège ont été affreuses. Elle n’est pas non plus aidée à la maison avec une mère emplie de reproches et un petit frère lui rejetant la faute… Son seul ami étant un jeune délinquant travaillant pour de sombres « boss ».
Elle cherche donc une place où elle pourrait être utile, désirée, aimée… Et elle la trouve auprès d’inconnus qui la paient pour ses services. Jusqu’au jour où elle attire l’attention d’un jeune lycéen convoité par une de ses « amies » lors d’une soirée karaoké. Même si elle essaie de faire profil bas, tout va lui retomber dessus et son calvaire du collège va recommencer.
Alors, sérieusement, si l’auteur voulait nous faire ressentir le désespoir et la folie qui en découle chez cette jeune fille, c’est chose faite ! Avec la typographie, les attitudes, les mimiques faciales, l’ambiance… Je ne suis pas facilement mise mal à l’aise, mais là. J’ai vraiment ressenti ce mal être et j’avais la poitrine oppressée pendant toute ma lecture. C’est donc un très bon point ! Car le but d’un livre est de nous faire entrer dans son monde et, franchement, il a du talent pour cela !
Ce n’est pas du glauque pour du glauque, ni de l’indécent pour de l’indécent. Tout est calculé pour qu’on puisse comprendre réellement ce qui se passe dans la tête de Kanae. Mettre en avant la cruauté des jeunes entre eux et arriver également à l’expliquer de telle sorte que l’on puisse comprendre l’harceleur et le harcelé n’est pas une chose facile. Cette fille devient réellement psychotique à cause de tout ce qui se passe autour d’elle… On la voit s’effondrer de plus en plus jusqu’au moment où, elle craque complètement et décide de contre attaquer de la pire des manières qui soit...
Donc je ne sais pas si ce terme est adapté dans ce cas mais je suis « agréablement » surprise par ce premier volume. J’espère que l’auteur gardera ce fil conducteur oppressant et grandissant et ne partira pas dans un « trash pour du trash » telles que les séries basiques de seinen gores fan-service qui peuvent sortir par dizaines.
Cette série compte déjà quatre volumes au Japon sous le nom de Kimi ni Aisarete Itakatta et son deuxième paraitra chez nous le 7 décembre 2020. Il me tarde de connaitre l’évolution de la démence de Kanae…
Pour un extrait, c’est par ici ! : https://www.meian.fr/preview-meian/#/lecteur/3051