Série: Nico # 1
Auteurs: Berthet / Duval
Editeur: Dargaud
Une chronique BD:
Génération BD
© Dargaud
Présentation de la BD «Nico # 1» :
1966, le monde a bien changé depuis que deux soucoupes volantes se sont écrasées sur terre vingt ans plus tôt, une en Russie, l’autre à Roswell.
Grâce à la technologie extraterrestre, la vie quotidienne a fait un gigantesque bond en avant.
Nico et Dallas, qui furent jadis les premiers témoins du crash de Roswell, sont en train de finir leur formation à la CIA. Tandis que Dallas reçoit une mission de tout repos, Nico est envoyée à Paris où elle est chargée d’enlever un riche homme d’affaires peu scrupuleux. Mais l’affaire tourne mal et la jeune espionne se retrouve accuser du meurtre de sa cible…
L’avis de Shesivan :
« Atomium express » fait partie de cette nouvelle mouvance qui remet la ligne claire au goût du jour. L’idée du scénariste Fred Duval (Carmen McCallum, Hauteville House, Travis entre autres…) à de quoi séduire : et si c’était vraiment une soucoupe volante qui s’était écrasée à Roswell et si les Etats-Unis avaient décidé d’utiliser la technologie extraterrestre et de la rendre publique ?
Partant de ce principe, nous voici vingt ans plus tard, en 1966. Le ciel est noir d’engins volants, les Beatles donnent un concert pour le quarantième anniversaire de Marylin Monroe et John Kennedy est toujours président. Et Steve MacQueen un acteur de cinéma raté. Quant aux autres personnalités présentes, je vous en laisse la surprise.
Que du vintage grand luxe, surtout quand on sait que c’est Philippe Berthet qui se charge de mettre tout cela en images. Berthet qui se cherchait un peu depuis le très moyen Poison Ivy qui avait eu beaucoup de mal à succéder à Pin Up et la série Yoni interrompue par manque d’intéret. Nico – qui tire son nom et son physique, sa blonditude de la chanteuse du Velvet Underground, groupe qui doit plus à Andy Warhol qu’à sa musique - arrive à point nommé, à mi chemin entre le rétro kitsch Pin Up et le science-fictionnesque Yoni.
Nos deux auteurs s’amusent à reconstituer aujourd’hui la vision de la vie quotidienne en 1966 comme on imaginait à cette époque qu’elle serait en 2010. Les Golden Sixties, sans doute la plus belle décennie de ce vingtième siècle déchiré par deux guerres mondiales et un crash financier. 2010, également date mythique puisqu’elle succède au 2001 de Clarke et Kubrick, jalon essentiel du film SF.
Le style de Berthet reste pareil à lui-même, trait élégant qui n’a pas bougé depuis les exploits du privé d’Hollywood, si ce n’est que ces personnages ont moins les yeux en bouton de bottines. Son dessin est efficace dans ce style rétro, plus ligne claire que jamais… avec un brin de style atome, atomium oblige. On peut cependant regretter son manque d’imagination quant à la création des engins futuristes qui entourent notre héroïne. Leur aspect doit essentiellement au designer Raymond Loewy, lequel marqua le look de l’Amérique de son empreinte en créant des logos comme Coca-Cola, Shell et Lucky Strike, ainsi que les autobus Greyhound, des trains et des voitures de grande marque.
Ensemble les deux français signent une séduisante uchronie, plus orientée espionnage que science-fiction, un petit côté James Bond époque sixties. Une surabondance de clins d’œil/clichés nuit sans doute légèrement à cette histoire qui reste néanmoins attrayante autant que palpitante, puisque divisée en trois, la mission-piège de Nico, la recherche de ses origines et le secret sous les mers que les russes gardent jalousement.
Car les Russes, et c’est là un atout supplémentaire et intéressant dans ce pitch, possède également une soucoupe, décortiquée pour le bien de la science, malgré le fait que tous les témoins du crash aient été froidement éliminés. Et oui, même dans cet espace-temps là, la guerre froide couve entre les maîtres du monde...
A noter que l’ouvrage est également disponible en une version plus luxueuse, pour quelques euros de plus, avec nouveau dessin de couverture, dos toilé et carnet de croquis, ainsi qu’une édition grand luxe hors de prix et qui plus est en noir et blanc (les crayons ne sont pas fournis ) mais avec ex-libris dans le style… Andy Warhol.
Shesivan
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