Série: Grand Prix # 1
Auteur: Marvano
Editeur: Dargaud
Une chronique BD:
Génération BD
© Dargaud
Présentation de la BD «Grand Prix # 1» :
1933. Hitler vient de prendre le pouvoir. Afin de rendre sa fierté à sa patrie, il entend faire briller l’Allemagne dans les courses automobiles. Deux écuries allemandes, subventionnées par l’état, se font donc concurrence : Mercédès et Auto Union. Tandis que les deux écuries enchaînent les victoires, le chancelier rêve de construire une voiture pour le peuple, imaginée par Ferdinand Porsche, la « Volkswagen »… Il demande aussi à ce que soit construit un moteur de 1000 CV, trop puissant pour une voiture, mais qui pourrait bien servir à d’autres desseins…
L’avis de Shesivan :
Michel Vaillant ayant changé d’écurie (Dupuis se charge à présent de la distribution de ses albums), Dargaud pense aux fans de bolides vrombissants restés sur le carreau et embraye sur une autre série. L’éditeur avait déjà tout récemment abordé le futur de la course automobile avec le diptyque « Speedway » de Bollée et Siro, trop informatisé à mon goût, mais qui ne se privait pas de décrire certaines pratiques ou mieux dérives actuelles sur la tyrannie des maîtres de la F1…
« Grand prix » fait, quant à lui, marche arrière dans le passé. Une trilogie de Marvano qui décidément ne parvient pas à lâcher l’Allemagne évoquée dernièrement dans la trilogie « Berlin ». Cet auteur qui faisait volontiers dans la science-fiction affiche à présent sa préférence pour la docu-fiction. Et paraît-il, il est grand amateur d’histoire et de courses automobile. Ajoutez à cela une préface d’un pilote dont le nom signifie anonymat alors qu’il est le plus grand de nos champions de F1, Jacky Ickx.
Marvano délaisse donc bombardiers et engins spatiaux pour se concentrer sur des bolides qui filent à des allures infernales, construits par des ingénieurs qui laissent encore leurs marques aujourd’hui, que ce soit Mercédès, Porsche, Audi... Mais le côté humain n’est pas négligé. Il est aussi question des pilotes, ces inconscients qui finissaient généralement leur carrière dans le décor. Car en matière de sécurité, ces Mercedes et Audi en étaient dépourvues. Autre personnage central, aux idées visionnaires mais nettement moins sympathiques, Adolf Hitler, qui cherche à redorer le blason d’une Allemagne qui subit le joug de l’humiliation et sa défaite en 1918 et qui exige que ses coureurs deviennent les nouveaux dieux du stade, quelques années avant les jeux olympiques…
On sent Marvano passionné par le sujet, il mène subtilement son scénario entre réalité et fiction, sa ligne claire fait merveille, pas un détail de trop pas un trop peu. Les couleurs de la couverture, ocre et vert passé de Bérengère Marquebreucq, donne un ton rétro à l’album qui n’est pas désagréable à l’œil. La couverture du deuxième opus sera essentiellement bleue, couleur du divin et de l’infini tandis que la troisième, rouge, pour indiquer que tout se terminera sans doute dans un bain de sang.
Shesivan
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