Portrait d'un buveur
Dessinateur : Olivier Schrauwen
Scénariste : Ruppert
Scénariste : Mulot
Editeur: Dupuis
Ruppert et Mulot ont l’art de ne pas prendre les choses au sérieux. Alors que dans leur album précédent, ils relativisaient la sécurité du Louvres, ils décident ici de s’attaquer à l’image du pirate cruel et sanguinaire. Guy est d’abord une outre avinée doublée d’un couard, bien loin des stéréotypes de pirates des Caraïbes ! La « patte » des deux auteurs se ressent également dans le rythme rapide des événements qui se succèdent, entraînant le lecteur vers toujours autre chose.
Les auteurs se sont visiblement amusés dans certains dialogue, je pense à un moment où Guy se fout du mousse : "Qui a zizi en forme de croissant ? Clément !" Je vous laisse découvrir à la lecture les variantes… Le cynisme n’est jamais loin. Par exemple, lorsque Guy doit couper une phalange du capitaine prisonnier des pirates, celui-ci lui dit : Sauve ta vie, fais ce qu’il dit, n’oppose pas résistance pense à toi ». Ce à quoi Guy lui répond : « Heu… c’est ce que j’allais faire ! »
Le dessin de Schrauwen est surprenant dans un premier temps, tant l’opposition avec le style coloré et réaliste des albums précédents (La grande Odalisque,…) est assez tranché. Schrauwen dessine des personnages sans visages (à part Guy et le mousse) et on les reconnaît uniquement à leur costume ou au contexte. En fait l’auteur semble choisir de mettre des visages quand il en a envie et de colorier certaines cases quand il en a envie ! Les mauvaises langues diront qu’il a la flemme, les autres que c’est sa marque personnelle… Le résultat est un style bien affirmé et original mais qui, une fois l’effet de surprise de ne pas voir de visage passé, influe finalement très peu sur la bonne compréhension de l’histoire.
Une histoire assurément dans grande la ligne droite éditoriale d’aire Libre qui diversifie les styles et les approches ; ce que je trouve personnellement très intéressant. C’est vrai que ce n’est pas une vraie histoire de pirate mais le personnage de Guy est quand même impressionnant : quel foie !