Série: Ernest et Rebecca (tome 4)
Auteurs: Antonello Dalena (dessin) & Guillaume Bianco (scénario)
Editeur BD: Le Lombard
Une chronique BD: Génération BD
J'ose à peine le dire, heu... l'écrire : cette bande dessinée, je ne la connaissais que par les petits regards jetés furtivement au détour des rayons des bonnes librairies sur les couvertures des trois premiers tomes déjà parus, et je l'avais classée à tort dans les histoires destinées aux très jeunes enfants. Quelle bêtise, et que de temps perdu surtout! Non seulement elle peut toucher tous les publics et toutes les tranches d'âge, mais c'est réellement mon plus gros coup de coeur cette année. De ceux qui vous transportent véritablement.
Quatre tomes donc déjà d'un récit au long cours qui nous fait partager quelques tranches de vie d'une petite famille et quelques proches, à commencer par celle de Rebecca, six ans, héroïne principale de l'histoire. Ses parents sont aujourd'hui séparés, sa soeur Coralie est une jeune adolescente qui prend peu à peu ses distances, et Ernest, son fidèle "ami" microbe (la santé de Rebecca est un peu fragile) n'est jamais très loin.
Le récit donne parfois l'impression d'être construit comme un long métrage, avec une caméra qui se penche tour à tour sur chaque protagoniste, ne quittant un des héros que pour mieux le retrouver quelques instants plus tard, ce qui ne manque pas de donner du rythme et un certain suspense. Des parallèles peuvent d'ailleurs être trouvés avec bien des films jouant sur ce terrain de la comédie de moeurs, comme L'Effrontée de Claude Miller où Charlotte Gainsbourg, jeune ado, gamberge pas mal et cherche désespérément repères et affection, ou encore La Boum, de Claude Pinoteau, qui ne se limite pas à explorer les premiers émois amoureux de la jolie Sophie Marceau mais qui, en définitive, raconte la vie et le ressenti de tous les membres de la famille, confrontée elle aussi au divorce et qui forcément se désagrège quelque peu. On devine les doutes et inquiétudes de chacun mais aussi leurs espoirs et on partage volontiers avec eux leurs bouffées d'enthousiasme.
Côté neuvième art, on retrouve parfois, grâce notamment à des dialogues justes et délicats, la même poésie mais aussi l'athmosphère des (toujours tendres) histoires de Larcenet. La même simplicité apparente, le même dépouillement, mais aussi cette analyse fine et sans concession des sentiments et parcours de vie. L'émotion est ici aussi toujours présente, ce qui n'empêche pas, toujours à l'instar des récits de Larcenet, des moments de très grande drôlerie!
Une toute, toute belle histoire...
Vds