Prévu pour une parution en deux tomes, ce manga m’a paru assez atypique, et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, le graphisme est assez particulier. Très soigné et très travaillé, mais tout en restant bien lisible, il fait penser parfois à des vieilles gravures de début du siècle. On est loin du graphisme « typique » des mangas (grands yeux, onomatopées…) et le style est clairement influencé par la bande dessinée occidentale. Ce n’est pas pour rien que des histoires de l’auteur sont parues dans la revue « A suivre »…

L’ambiance est aussi assez particulière. Certains personnages de cette foire aux monstres difformes m’ont fait peser aux personnages inquiétants que l’on retrouver chez Comès (Eva, Silence,…) chez qui on retrouve le caractère torturé, mais il y a également des planches où l’auteur semble s’abandonner dans une mise en scène allégorique privilégiant alors la beauté de la composition de l’image plutôt que le déroulement de l’histoire lui-même.

L’évolution du scénario est un peu dans la lignée de ce parcours parfois un peu anarchique ; certains éléments changent et puis on comprend quelques planches plus tard pourquoi… 

On présente Suehiro Maruo comme le chef de file du courant érotico-grotesque, mais dans ce cadre-ci, je trouve la dimension érotique quasiment absente (il faudra voir la suite) et, plus que grotesque, je dirais ici plutôt théâtrale, même si on pourrait parler d’une tragi-comédie…

Cet ouvrage mérite néanmoins amplement le détour ne fut-ce que par la qualité de son graphisme et son univers imaginaire bien travaillé. Je ne suis pas très expert dans le monde du manga, mais cette histoire m’a en tout cas bien plu et j’attends donc avec impatience de découvrir l’issue de cette histoire dans le tome 2 !