Dead Account
Dessinateur : Shizumu Watanabe
Scénariste : Shizumu Watanabe
Editeur: Kurokawa
Le synopsis de cette nouvelle série (par l’éditeur)…
Les fantômes hantent désormais les téléphones portables ! Qui sait, le vôtre l'est peut-être déjà...
Sôji Enishiro, 15 ans, est un streameur qui " flame " sous le surnom d'Aoringo. Provocateur et bagarreur, il gagne beaucoup d'argent avec ses vidéos au contenu violent.
Toutefois, l'adolescent le plus détesté au monde est en réalité un grand frère dévoué à Akari, sa petite sœur, et un amateur de pâtisseries. Ses vidéos controversées ont pour but de couvrir les frais hospitaliers exorbitants de sa cadette malade. Tant qu'elle se porte bien, Sôji est heureux, même s'il est rejeté des autres. Mais un jour, la tragédie frappe Akari et bouleverse à jamais le destin du jeune homme.
Ce qu’on en a pensé…
Ce n’est pas la première série de Shizumu Watanabe que l’on a la chance de chroniquer sur GénérationBD : ainsi, notre super-chroniqueuse Mache vous avait déjà bien hypé sur les 10 premiers volumes de la série « Real Account » (cliquez donc >> ici <<).
Pour l’heure cependant, on doit bien avouer avoir été un peu refroidit en reposant ce 1er opus…. Attention cependant, on perçoit bien qu’il a un rôle introductif et il pourrait bien décoller véritablement dans le second tome.
Les préambules étant posé,voici donc ce qu’on en a pensé…
Dès les premières pages, “Dead Account” affiche ses ambitions : surfer sur la vague des réseaux sociaux et du surnaturel, histoire de rameuter la Gen Z. Un influenceur qui exorcise des fantômes numériques ? L’idée est maligne sur le papier, mais sent un peu trop la recette marketing pour être honnête. On a l’impression que le scénariste a coché toutes les cases du moment : réseaux, cancel culture, haine en ligne… quitte à en faire des caisses.
Sôji Enishiro, alias Aoringo, c’est le genre de personnage qui veut choquer pour exister. Il joue les bad boys, balance des vidéos trash et récolte la haine du web. Mais attention, plot twist : il fait tout ça pour payer les soins de sa sœur malade. On a déjà vu plus subtil comme construction psychologique… Le manga force un peu trop sur le pathos pour nous faire avaler la pilule et rendre son héros attachant, alors qu’il reste surtout antipathique et cliché.
“Dead Account” veut dénoncer la violence des réseaux, la superficialité des jugements, la solitude derrière la célébrité. Sauf que tout est balancé à grands coups de dialogues explicatifs et de situations téléphonées. Le manga ne prend jamais le temps de nuancer son propos ou de creuser ses thèmes. On survole les sujets brûlants sans jamais vraiment les traiter en profondeur. Résultat : ça sonne creux, et on a l’impression d’assister à une leçon de morale prémâchée.
Les “fantômes digitaux” ? Un concept prometteur, mais qui, pour l’instant, n’est qu’un prétexte à des scènes d’action convenues. Le mélange entre exorcisme et streaming aurait pu être explosif, mais le manga se contente d’enchaîner les situations sans jamais vraiment surprendre. On sent que l’auteur garde ses cartouches pour la suite, mais ce premier tome manque sérieusement d’originalité dans le traitement du fantastique.
Côté dessin, c’est propre, c’est dynamique, mais ça manque cruellement de personnalité. Les scènes d’action sont lisibles, les expressions fonctionnent, mais rien ne marque vraiment la rétine. Les passages sur les réseaux sociaux, avec leurs fenêtres et notifications, sont bien fichus, mais ça ne suffit pas à donner une vraie identité visuelle au manga.
En voulant trop coller à l’air du temps, “Dead Account” oublie d’être sincère et profond. Ce premier tome aligne les effets de mode et les gros sabots, sans jamais vraiment convaincre. À force de vouloir plaire à tout le monde, il finit par ne toucher personne. Peut-être que la suite relèvera le niveau, mais pour l’instant, on a surtout l’impression d’avoir lu un produit calibré pour le buzz, plus qu’un vrai manga d’auteur.
On attends le second tome (annoncé pour le 15 mai 2025) pour se faire un avis plus éclairé...
Pour en savoir (encore) + …
Né un 21 juillet dans la préfecture d'Ehime au Japon, Shizumu WATANABE (anciennement Saitama SHIZUMU) est un mangaka japonais. Diplômé de l'Université d'Osaka en art et communication, il fait ses débuts dans le manga en devenant l'assistant d'Akiko HIGASHIMURA (l'auteure de Jellyfish Princess).
Il participe ensuite à plusieurs concours, et remporte le Grand Prix du Shônen Magazine grâce à Closet Child, puis le prix des jeunes auteurs de l'éditeur Kôdansha avec Gakusha Overdrive.
Il publiera dans la foulée les séries Irokoi, Chimes, Kono kanojo ha fiction desu, Shishunki no iron maiden et enfin Real Account qui, à ce jour, est son plus grand succès.
Shizumu WATANABE est également connu pour s'être particulièrement impliqué dans le volontariat autour de la catastrophe du Tôhoku depuis 2011. Il a notamment participé au fanzine caritatif Pray For Japan.
Milan Morales