Skeleton Double
Dessinateur : Tokaku Kondo
Scénariste : Tokaku Kondo
Traduction : Frédéric Malet
Editeur: KurokawaLe synopsis de la série
L’histoire suit Yodomi Arakawa, un jeune homme marqué par la mort étrange de son père, retrouvé huit ans plus tôt à Shinjuku, flottant dans les airs et transpercé de mystérieux trous. Sa vie bascule lorsqu’il reçoit un crâne parlant, Yamamoto, qui lui confère le pouvoir d’invisibilité tout en lui avouant être responsable de la mort de son père. Yodomi se retrouve alors plongé dans une guerre secrète opposant la CIAS, une agence gouvernementale cherchant à exploiter les pouvoirs des “skeletons”, et la société secrète des Gygès, qui veut utiliser ces dons pour changer le monde.
Que penser de ce dernier tome, en quelques lignes…
Chapitres 30 à 39
Avec une histoire envoûtante et pleine de mystères, ce manga incite à chercher des réponses aux côtés du héros. L’action est équilibrée par une exploration approfondie de la psychologie des personnages, ce qui ajoute une dimension supplémentaire à l’intrigue.
Néanmoins, nous avons personnellement eu du mal à nous sentir investis dans ce manga. S’il fut, lors de la sortie du premier tome, classé parmi les cinq meilleurs titres du Shonen Jump+, Skeleton Double semble avoir dérouté puis déçu bon nombre de lecteurs, au point d’être purement et simplement arrêté à son 39ᵉ chapitre. Tout au moins, malgré cette annulation brutale, Tokadu Kondo aura su proposer une fin satisfaisante pour l’ensemble.
Passons donc à notre avis final sur ce manga…
Skeleton Double se distingue par une atmosphère oscillant entre sérieux et absurde, alternant scènes de tension et moments de comédie sèche ou de parodie, ce qui lui confère une identité propre dans le paysage shōnen.
Dès son premier opus, Skeleton Double intrigue par son univers étrange, ses pouvoirs surnaturels liés aux os et ses créatures inquiétantes, rappelant l’inventivité d’un Chainsaw Man ou Jujutsu Kaisen, tout en évitant les clichés du genre.
Le personnage principal, Yodomi, ne suit pas les codes classiques : il fait preuve d’un détachement surprenant face à ses nouveaux pouvoirs et à la révélation du meurtre de son père, ce qui le rend à la fois imprévisible et attachant.
En ce sens, Tokadu Kondo, le mangaka, aborde la reconstruction après le traumatisme, la culpabilité et la recherche de sens face à l’absurdité du destin, conférant au récit une profondeur inattendue pour un manga d’action.
Malgré cet univers riche, Skeleton Double peine à clarifier ses enjeux et ses règles internes. Après cinq tomes, de nombreux mystères restent non résolus, et la série donne parfois l’impression de chercher sa direction, oscillant entre parodie et drame sans toujours parvenir à équilibrer les deux.
Si certains antagonistes comme Toru Tatara ou Kunikumo marquent par leur étrangeté, de nombreux personnages restent superficiels ou servent de simples ressorts à l’action, sans réel développement.
Un autre point nous a également dérangés durant la lecture de ces chapitres : le rythme narratif pose problème. L’alternance de chapitres explicatifs et de combats rend la progression parfois laborieuse, et certains arcs semblent précipités, notamment à l’approche de la conclusion.
Ce cinquième tome est clairement marqué par sa fin abrupte. Alors que la CIAS tente d’exploiter les pouvoirs des skeletons avec l’aide de Yodomi, la société des Gygès intensifie ses attaques, provoquant des tueries de masse à travers le pays. Les affrontements entre skeletons prennent une ampleur inédite, mais la CIAS se révèle incapable d’endiguer l’hémorragie de violence.
Le récit de Tokadu Kondo promettait de révéler les véritables motivations de la société Gygès à travers le passé de Shôko Yoroibata, mais cette intrigue restera finalement inachevée.
La “réponse finale” de Yodomi, censée résoudre le conflit, intervient de manière abrupte, sans réelle résolution des enjeux ni conclusion satisfaisante pour les arcs des personnages secondaires. La série se termine donc sur une note d’inachevé, laissant de nombreux fils narratifs en suspens, conséquence directe de son annulation soudaine.
En conclusion, Skeleton Double restera comme une curiosité du shōnen moderne : une série à l’identité forte, audacieuse dans ses thèmes et ses choix narratifs, mais victime d’une exécution inégale et d’une annulation prématurée. Si son univers et ses personnages laissaient entrevoir un potentiel certain, son rythme irrégulier et sa fin abrupte laissent un goût d’inachevé, frustrant pour les lecteurs investis dans ses mystères et ses promesses.
Milan Morales