Les 2 criminels
Scénariste : Ryosuke TEKEUCHI
Dessinateur : Hikaru MIYOSHI
Editeur: Kana
Précédemment, dans Moriarty…
Mary, la fiancée de John, a demandé à Sherlock de faire la lumière sur l'étrange disparition de son père.
L’affaire tourne autour d'un mystérieux trésor qui a déjà fait couler de sang et l’enigme est à chercher dans le signe des 4 croix qui réapparait en plusieurs occasions.
Mais ce qui intrigue le plus Sherlock, c'est le comportement de Mary elle-même... Très vite, Sherlock s'aperçoit qu'un malfrat est, lui laussi, à la poursuite du trésor, et qu'il n'hésite pas à tuer. Conscient du danger attaché à ce trésor, Sherlock fait en sorte que le malfrat se décide à jeter lui-même le trésor dans la Tamise, préférant que celui-ci soit définitivement perdu pour tout le monde. Fin du mystère ? Le mystère du "signe des quatre", peut-être, mais le mystère Mary reste entier.
Au contraire, maintenant que le trésor est définitivement perdu, son mariage avec John risque de devenir impossible pour la simple raison que Milverton, le roi du harcèlement, détient des preuves contre elle et la fait chanter.
Le résumé de ce 12ème volume en quelques lignes…
Chapitres 44 à 47 – Les 2 criminels
Charles Auguste Milverton, grand magna de la presse, maitre-chanteur patenté et roi du harcèlement, s’en prend cette fois à la douce Anna, dans le seul but de lui nuire et de faire annuler ses fiançailles avec Watson ! Son arme ? Des documents prouvant que lors de ces études à Paris, la jeune Anna avait fait partie d’un mouvement d’activistes fomentant contre le gouvernement français ! Si Watson pourrait vivre avec ses vieux faits commis par son aimée, comment réagirait les forces de l’Ordre britannique en apprenant le passé d’Anna ?
De leur côté, les frères Moriarty s’apprêtent à contre-attaquer malgré l’épée de Damoclès qui Milverton a fiché au-dessus d’eux : ainsi, s’il meurt, tous les journaux de son groupe ont pour ordre de publier cette manchette : « Le prince du crime est James Moriarty »…
« L’ennemi de mon ennemi n’est pas mon ami » disait un illustre inconnu…. Cela suffira-t-il pour mettre à bas ce maitre de la manipulation ?
Qu’en avons-nous donc pensé ?
Après un 11ème tome centré sur l’idylle entre Watson et Mary sa fiancée, Ryosuke Takeuchi (le scénariste) nous offre une toute nouvelle intrigue dans la parfaite continuité du tome précédent. (si vous n’avez pas encore lu le #11, vous comprendrez très bien cette nouvelle histoire, soyez assuré !)
Un aspect très positif que l’on retrouve depuis quelques temps dans ce manga est que les auteurs veillent à ce que l’histoire commence et se termine dans le même volume. Et c’est un réel plaisir que de pouvoir appréhender sans coupure aucune une enquête de son introduction à sa résolution finale !
Plus particulièrement dans ce tome, il est intéressant de noter que face à un être aussi ignominieux et aussi respectueux de l’humain qu’un porc, le mangaka parvient à nous faire admettre et même approuver que le grand Sherlock Holmes puisse commettre un méfait !
Et comme à l’accoutumée, on se délecte des dialogues ciselés ; 2 exemples parmi quantité :
- Sherlock : « j'ai un certain talent pour le crime ; à chacune de nos enquêtes, c'est ce que je me dis quand je vois le méchant puni : je mis serais bien mieux pris que lui… voilà une chance unique de mettre à l'épreuve nos talents d'analyste du crime ! »
Ou encore cet échange qui sous un aspect bonhomme emplit les cases d’une belle tension shakespearienne :
- Milverton (à Sherlock) : « La faiblesse n’a aucun effet sur moi. D’ailleurs votre force non plus n’a jamais eu aucun effet sur moi ! »
- Sherlock : « Hein ? Vous parlez de quoi, là ? »
- Milverton : « De votre force, Sherlock, votre fameuse force de déduction ! Elle n’a jamais surpassé ma force à moi, la vraie ! Moi, je sais tout ! Pas un individu dans tout Londres dont je ne sache le moindre secret ! Je sais où chacun habite, travaille, qui il aime et qui il trompe… ses faussetés passées, ses dettes, ses haines, qui il veut tuer ! Je vois tout ça ! Dès qu’un crime survient, instantanément je sais qui l’a fait et pourquoi…. Votre force de déduction ? Mais je n’en ai même pas besoin ! »
Un machiavélique sociopathe nombriliste que nous avons là ! Et l’auteur tape juste avec un tel personnage, à l’heure où nos sociétés sont gangrenées par la désinformation!
Le final nous a laissé sans voix ! Un duel Holmes/Milverton/Moriarty totalement inattendu et de toute beauté, dont le dénouement changera à tout jamais la destinée de chacun…
Pour en savoir (encore) + …
2 mangas « seulement » par an…. Raaah, que l’attente est longue… Mais quel sentiment de satisfaction on ressent quand enfin le promis arrive en nos petits doigts boudinés !
Le prochain, intitulé « La dernière affaire » n’arrivera donc chez nous que durant la pause estivale (Le #16 est en sorti au Japon début décembre 2021).
Milan Morales