ZIYI est un de ces ovnis bédéistes, un de ces bouquins qui échappe à toute forme de catalogage et qui dés lors fait peur à tout éditeur qui ne désire en aucune manière effaroucher son public, d’où Scutella, éditeur prêt à prendre ce risque. Et avec raison ! Privé de dialogues, Ziyi est une longue suite de vignette noir et blanc, un conte post-apocalyptique où on suit cet espèce… d’animal ( ?) qui erre dans un monde de fin de monde et découvre la bestialité humaine dans toute sa bassesse à travers la candeur de ses grands yeux.
Cette fable cruelle est due à Jean-Luc Cornette, dessinateur, éditeur et scénariste (c’est vous dire si il connaît le monde dans lequel il évolue) auteur complet qui n’hésite pas à remettre son parcours en question en osant écrire de pareilles histoires. Il vient de faire parler de lui avec le Sourire de Mao (avec Michel Constant chez Futuropolis) où la plupart des lecteurs ont été plus bouleversés par la description de cette Wallonie du futur que par le récit en lui-même) Il est comme cela, Cornette, déconcertant. Une espèce de Lionel Messi de la BD ; il feinte vers la gauche et passera à droite.
Il est épaulé sur ce projet improbable par Jürg, dessinateur qui aime évoluer dans le second degré, dessinateur de polars cyniques et grotesques, genre de pendant aux frères Coen, dont le travail sur Ziyi me fait penser à un certain Crumb. C’est vous dire mon admiration car il embellit la laideur, obscurcit la clarté et son noir et blanc confère à l’expressionnisme.
Réservez une place à Ziyi dans votre bibliothèque, sans regret !